La FIGO soutient l'ADPF 1207 au Brésil, qui vise à développer la prise en charge de l'avortement par des agents de santé autres que des médecins

Le 3 février 2025, la Cour suprême brésilienne a reçu une demande - appelée ADPF 1207 - visant à lever la restriction de la pratique de l'avortement légal par les médecins. Si elle est approuvée, cette mesure pourrait élargir l'accès à l'avortement sans risque tandis que d'autres initiatives visant à réformer le code pénal ne verraient pas le jour.

Environ 73 millions d'avortements provoqués ont lieu chaque année dans le monde1. Malheureusement, malgré les progrès scientifiques qui ont fait du traitement de l'avortement provoqué l'une des interventions de santé les plus simples et les plus sûres qui existent, près de la moitié (45,9 %) des avortements pratiqués dans le monde sont considérés comme dangereux2. Cela est principalement dû à des restrictions arbitraires de l'accès à des soins de qualité, qu'il s'agisse de lois restrictives sur l'avortement ou de réglementations qui font obstacle au rôle des professionnels de santé dans la pratique de l'avortement 

À ce jour, il existe un grand nombre de preuves (provenant de pays à revenu élevé et à revenu moyen inférieur) et de recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) garantissant la faisabilité et la sécurité de la délégation et du partage des tâches pour des soins d'avortement sûrs, en particulier avant la 12e semaine de grossesse.3-8 Tous les agents de santé dont la fonction principale consiste à fournir des services de santé préventifs, promotionnels ou curatifs - c'est-à-dire les médecins, les infirmières et les sages-femmes, les techniciens de laboratoire, les professionnels de la santé publique, les travailleurs de la santé communautaire, les pharmaciens et tous les autres dont l'objectif premier est d'améliorer la santé - peuvent être impliqués, s'ils ont reçu une formation adéquate, dans une ou toutes les étapes liées à l’avortement, en particulier à l'avortement médicamenteux.9

Les femmes peuvent gérer elles-mêmes leur processus d'interruption volontaire de grossesse par médicaments, à condition d'avoir accès à des informations précises, à des médicaments de qualité garantie, y compris pour le traitement de la douleur, à l'aide professionnels de santé qualifiés et à l'accès à un établissement de soins de santé et à des services de conseil si elles en ont besoin ou le souhaitent10

Position de la FIGO sur la question

Alors que les pays ayant des lois restrictives concernant l'avortement provoqué ne réforment pas leurs législations conformément aux recommandations de l'OMS sur la dépénalisation totale de l'avortement10, la FIGO accueille favorablement toute mesure prise pour élargir l'accès à des soins de qualité en matière d'avortement, à savoir :

  • Développer l'offre de soins en matière d'avortement par des professionnels de santé adéquatement formés et pas seulement par des médecins.
  • La prise en charge de l'avortement au niveau des soins primaires et en ambulatoire.
  • Un système de santé qui soutient l'avortement médicamenteux autogéré.

Ces mesures sont susceptibles de réduire la morbidité et la mortalité maternelles liées aux avortements pratiqués dans des conditions dangereuses, en particulier dans les pays où l'accès à des soins d'avortement sûrs est limité. 

Références

  1. Bearak J, Popinchalk A, Ganatra B, Moller A-B, Tunçalp Ö, Beavin C et al. Unintended pregnancy and abortion by income, region, and the legal status of abortion: estimates from a comprehensive model for 1990–2019. Lancet Glob Health. 2020 Sep ; 8(9):e1152-e1161. doi : 10.1016/S2214-109X(20)30315-6.
  2. Ganatra B, Gerdts C, Rossier C, et al. Global, regional, and subregional classification of abortions by safety, 2010–14: estimates from a Bayesian hierarchical model. Lancet 2017; 390: 2372-81.
  3. Tamang A, Puri M, Lama K, Shrestha P. Pharmacy workers in Nepal can provide the correct information about using mifepristone and misoprostol to women seeking medication to induce abortion. Reprod Health Matters 2014; 22(supp44): 104-15.
  4. Chor J, Young D, Quinn MT, Gilliam M. A novel lay health worker training to help women engage in postabortion contraception and well-woman care. Health Promot Pract. 2020;21(2):172-4.
  5. Glenton C, Sorhaindo A, Ganatra B, Lewin S. Implementation considerations when expanding health worker roles to include safe abortion care : a five-country case study synthesis. BMC Public Health 2017;17. doi :10.1186/s12889-017-4764-z.
  6. Kapp N, Dijkerman S, Getachew A, Eckersberger E, Pearson E, Abubeker FA, Birara M. Can mid-level providers manage medical abortion after 12 weeks' gestation as safely and effectively as physicians? A non-inferiority, randomized controlled trial in Addis Ababa, Ethiopia. Int J Gynaecol Obstet. 2024 Jun;165(3):1268-1276. doi : 10,1002/ijgo.15392.
  7. Barnard S, Kim C, Park MH, Ngo TD. Doctors or mid-level providers for abortion. Cochrane Database Syst Rev. 2015 Jul 27;2015(7):CD011242. doi : 10.1002/14651858.CD011242.pub2.
  8. Jejeebhoy SJ, Kalyanwala S, Mundle S, Tank J, Zavier AJ, Kumar R, et al. Feasibility of expanding the medication abortion provider base in India to include ayurvedic physicians and nurses. Int Perspect Sex Reprod Health. 2012;38(3):133-42. doi :10.1363/3813312. 
  9. Organisation mondiale de la santé. Rôles des agents de santé dans la dispensation des soins liés à l’avortement sécurisé et de la contraception post-avortement. Genève : OMS, 2015. ISBN 978 92 4 154926 4. 
  10.  Organisation mondiale de la santé. Directive sur les soins en cas d'avortement. Genève : OMS, 2022. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.ve : OMS, 2022. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.