Le professeur Philippe Descamps sur l'amélioration du diagnostic et du traitement de l'endométriose

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Philippe Descamps

Le professeur Philippe Descamps, ancien vice-président de la FIGO, était vice-président du comité d'organisation du Congrès FIGO 2023. Il discute de l'impact de l'endométriose et partage des informations clés sur la manière d'améliorer le diagnostic et le traitement de cette maladie.

Quels sont les faits et chiffres clés sur l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie qui touche entre 5 % et 10 % des femmes en âge de procréer, provoquant des douleurs souvent très invalidantes – notamment pendant les règles, les rapports sexuels et la défécation – et dans certains cas même l’infertilité.

Elle se caractérise par la présence de fragments d'endomètre - mucus utérin en position ectopique, c'est à dire en dehors de l'utérus - qui peuvent être localisés dans les ovaires, le vagin, le rectum, la vessie, le côlon ou le péritoine (tissu recouvrant les organes situés à l'intérieur de l'abdomen). On peut même le trouver dans les poumons.

Il existe généralement trois types d'endométriose : l'endométriose péritonéale, ovarienne et profonde, qui peuvent être liées ou non.

L'endométriose est une maladie aux multiples facettes, ce qui fait que le diagnostic constitue souvent un parcours du combattant pour les femmes qui en souffrent.

Quels sont les défis pour un diagnostic précoce et quels progrès ont été réalisés ?

Il y a clairement un problème de diagnostic précoce. Le retard du diagnostic est souvent le résultat d’idées préconçues, les douleurs liées aux règles étant traditionnellement banalisées.

De nombreuses recherches ont été menées sur l'endométriose, mais ni les tests ni les examens paracliniques n'ont une sensibilité et une spécificité suffisantes pour établir un diagnostic avec certitude chez toutes les patientes, qu'il s'agisse de prises de sang, d'échographie, d'IRM ou encore de coelioscopie avec biopsies. Le diagnostic nécessite souvent une intervention chirurgicale, déconseillée aux très jeunes femmes présentant des symptômes.

Il y a cependant quelques avancées récentes. La séance du professeur Sofiane Bendifallah au Congrès a présenté les résultats obtenus dans l'évaluation d'un test salivaire, basé sur l'identification de biomarqueurs grâce au séquençage à grande vitesse de micro-ARN grâce à l'intelligence artificielle.

Il s’agit d’un test très prometteur, qui permet d’établir un diagnostic rapide et non invasif. J'ai évoqué plus tôt les hésitations que l'on a souvent à réaliser une coelioscopie sur une jeune fille pour confirmer le diagnostic d'endométriose, ce type de test devrait donc faciliter un diagnostic rapide. Cela pourrait également identifier les différents phénotypes de la maladie, ce qui est important pour orienter le traitement.

Quels progrès ont été réalisés en termes de traitement de la maladie ?

En ce qui concerne le traitement de l’endométriose, plusieurs experts ont fait état d’avancées chirurgicales, notamment :

  • L'excision des nodules profonds de l'endométriose par chirurgie automatisée semble donner de meilleurs résultats
  • Recommandation de prendre en compte la qualité de vie et les choix de vie des patients, notamment en préservant leur fertilité, pour de meilleurs résultats

Il faut également souligner l’importance de l’anticipation. L'anticipation sera également au cœur du suivi clinique de l'endométriose. La capacité de mieux comprendre l’endométriose et d’anticiper son évolution conduira sans aucun doute aux avancées les plus décisives dans le traitement de cette maladie.


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